28.8.06

Je comprends que la longueur de cet article vous décourage mais, je vous assure, il n'est pas si fastidieux qu'il en a l'air.

«"Il est interdit de puiser de l’eau sur terre ou sous terre sans permis spécial, il est interdit de planter des arbres fruitiers et certains légumes, il est interdit de lire certains livres, il est interdit de se déplacer sans autorisation, etc..." : telles sont les 1300 lois de l’Occupation israélienne. La loi ne dit pas que les Palestiniens ne doivent pas vivre, mais qu’ils doivent abandonner tout espoir de vivre libres et égaux en droits avec les juifs. Tel est le rêve sioniste ou ce qu’il est devenu. Depuis 53 ans, les Palestiniens sont prisonniers de ce rêve.» Dominique Dubosc

Vous intéressez-vous au conflit qui oppose depuis plusieurs dizaines d'années les Palestiniens et les Israéliens ?

Je crois qu'il est difficile d'oublier ce que rapportent les médias, les déclarations de vengeance, l'annonce de morts d'enfants dans des attentats, les images-chocs d'un pays dévasté. Mais il est impossible d'effacer de nos mémoires les thèses et les documentaires relatant les atrocités qui ce passent là-bas, témoignages qui ne sont pas toujours accessibles... et on aimerait agir pour que cesse cette guerre.
Mais comment agir lorsqu'on n'a seulement 15-16 ans ? La meilleure solution est que chacun ait une conscience politique en se renseignant, en trouvant des informations fiables, et en en parlant, en en parlant tout autour de soi, à n'importe qui, en cherchant la vérité.

C'est pour cela que je vous en parle sur ce blog, pour vous raconter une partie de la vérité, qui vient tout droit de ce pays si lointain : mon oncle est documentariste, il vit entre la France et la Palestine et filme la vie des réfugiés palestiniens, la vie dans les camps, et dans la bande de Gaza.

Un jour, à table, mon père parlait avec des amis des derniers événements qui était survenus en Palestine, leur décrivant les souffrances des Palestiniens. Je pensais que nous étions "influencés" par mon oncle, Dominique. Mon père, gravement, me répondit que nous n'étions pas "influencés" par Dominique mais informés ! C'est très différent !

Dominique nous raconte que le gouvernement israélien a tout d'abord construit des ghettos à la périphérie des villes palestiniennes, enserrés dans de hauts murs de béton et ayant pour seules ouvertures quatre ou cinq grandes portes. Il n'est pas difficile de faire croire à un peuple colonisé qu'il sera plus en sécurité dans un camp que dans la ville qui est bombardée jour et nuit. Puis le gouvernement israélien a fermé toutes les portes du camps sauf une qui ouvre et ferme à heures fixes mais la plupart du temps selon le bon vouloir du soldat israélien qui la garde. Pareil pour les toilettes, qui sont communes, et surveillées. Il est donc extrêmement difficile de rentrer ou de sortir de ces camps.

Le Dr. Virginia Tilley est professeur de science politique et a écrit cet article en juin 2006 :

"Au motif de venir au secours d'un de ses soldats fait prisonnier,
les Israéliens bombardent la bande de Gaza, qu'ils semblent prêts à
ré-envahir. Ils ont également arrêté un tiers des membres du
Parlement palestinien, réduisant en ruines jusqu'à sa fragile
illusion de pouvoir et réduisant la coquille déjà vide de
l'Autorité palestinienne en éclats.

(...)

Néanmoins, la politique ne devrait en aucun cas être le principal
sujet de préoccupation. Car là-bas, à Gaza, un acte odieux a été
commis, qui doit dorénavant éclipser toute idée de « feuilles de
route » ou de « gestes mutuels » : mercredi dernier, des avions de
guerre israéliens ont bombardé à plusieurs reprises l'unique
centrale électrique de la bande de Gaza, la détruisant entièrement.
Désormais, ce sont environ 700 000 habitants de la bande de Gaza -
sur un total de 1,3 million de personnes - qui n'ont plus
d'électricité, et l'on pense que ladite électricité ne pourra
être rétablie avant six mois.

Ce ne sont pas les conditions de vie immédiatement créées par ce
bombardement qui ont quelque chose d'énorme. Ces conditions sont,
bien entendu, particulièrement déplorables : plus de lumière, plus
de réfrigérateurs, plus de ventilateurs... Et cela, tout au long de
l'interminable canicule de l'été gazaoui. Impossible d'aller
respirer dehors, en raison des bombardements continuels et de
l'assaut israélien attendu.

Dans une obscurité étouffante, d'énormes explosions secouent les
villes, lointaines comme proches, tandis que des boums de
franchissement du mur du son parachèvent la dévastation déjà
semée par les mêmes avions : fenêtres explosant, enfants hurlants
se réfugiant dans les bras d'adultes terrorisés, personnes âgées
s'effondrant, foudroyées par une crise cardiaque, femmes enceintes
s'effondrant et faisant une fausse couche. Terreur de masse,
désespoir, recherche désespérée de nourriture et d'eau. Et pas de
radio, pas de télévision, pas de téléphone portable, pas
d'ordinateur portables (pour les rares à en disposer) et, par
conséquent, aucun moyen d'obtenir de l'information sur la durée
probable de ce cauchemar.

En effet, cette fois-ci, la situation est encore pire. Tandis que la
nourriture se détériore dans les réfrigérateurs arrêtés, les
céréales et les féculents sont les seuls comestibles restants. La
plupart des gens cuisinent au gaz, mais les frontières étant
fermées, il n'y a plus de gaz. Quand les bombonnes de propane de la
cuisine familiale sont vides, il n'y a plus aucune possibilité de
cuire les aliments. Plus de lentilles, plus de fayots, plus de pois
chiches, donc plus de hommos, plus de pain - plus de ces aliments
quotidiens des Palestiniens, qui font l'ordinaire des plus pauvres
(dois-je rappeler qu'il n'y a ni bois, ni charbon, dans une bande de
Gaza à la fois désertique et surpeuplée ?).

La nappe phréatique de Gaza était déjà polluée par les
infiltrations d'eau de mer et d'eaux usées, en raison d'un pompage
excessif (pour partie, par les colonies israéliennes aujourd'hui
abandonnées) et d'un réseau d'égouts foncièrement inadéquat. Pour
la rendre potable, l'eau tirée des forages doit être purifiée au
moyen d'appareils fonctionnant à l'électricité. Sinon, l'eau
saumâtre doit être au minimum bouillie avant de pouvoir être
consommée sans risque. Mais cela exige aussi d'avoir de
l'électricité ou du gaz à sa disposition. Or, bientôt, les gens
n'auront ni l'une ni l'autre.

La consommation d'eau impure, cela signifie des maladies, voire le
choléra.
Si une épidémie de choléra éclate, elle se répandra comme feu
dans la paille au sein d'une population densément confinée et
manquant de l'énergie et de l'eau nécessaires à l'hygiène.
S'ajoute à cela le fait que les hôpitaux et les cliniques ne
fonctionnent pas, eux non plus (toujours en raison de l'absence
d'électricité).

Enfin, les gens ne peuvent même pas partir. Aucun des pays voisins ne
dispose des ressources leur permettant d'absorber un million de
réfugiés désespérés et ayant tout perdu : un tel afflux
déstabiliserait totalement l'Egypte, par exemple, du point de vue
tant logistique que politique. Mais les Palestiniens résidant à Gaza
ne peuvent pas non plus aller chercher asile chez leurs parents
vivant en Cisjordanie : ils ne sont pas autorisés à quitter Gaza
pour s'y rendre. Ils ne peuvent même pas franchir la frontière puis
passer en Cisjordanie en faisant le détour par l'Egypte : Israël
n'autorise pas les détenteurs d'une carte d'identité de Gaza à
entrer en Cisjordanie. Et, de toute manière, un cordon de policiers
palestiniens bloque les gens qui essaieraient de s'infiltrer en
Egypte - des réfugiés de guerre ont tenté de le faire, en passant
par un trou ouvert dans la barrière frontalière par des activistes,
avec bagages et enfants.

En bref ; ce sont aujourd'hui plus d'un million de civils qui sont
emprisonnés, confinés chez eux, à écouter les bombes
israéliennes, tout en étant confrontés à la perspective
insupportable - d'ici à quelques semaines, voire seulement quelques
jours - de devoir donner une eau toxique à leurs enfants, ce qui
pourrait condamner ceux-ci à une mort rapide, mais horrible.(...)"

Je vous conseille vivement d'aller sur le site de Dominique Dubosc voir les extraits de ses films et ses photos de Palestine.

Je voudrais juste préciser que cet article n'a pas été écrit pour attiser des haines ou provoquer des disputes mais plutôt des discussions, des débats. Je crois que les Israéliens ont aussi beaucoup souffert. Ceci n'est qu'une part infime de la vérité, qui ouvre des portes à d'autres vérités que vous êtes invité à dévoiler...